jeudi 27 octobre 2011

Black Box Revelation - My Perception

En 2011, le rock'n'roll a décidé de jouer un sale tour à ses admirateurs en se pointant à l'improviste au pays de la frite et de l'humour. La Belgique, cette veinarde, assiste depuis peu au sacre de deux de ses gamins. «2 young boys» prénommés Jan Paternoster et Dries Van Dijk. Un grand brun guitariste et chanteur en osmose avec un petit blond batteur. Ensemble ils forment les Black Box Revelation. Une putain de révélation musicale et orgasmique sur laquelle les comparaisons pleuvent : les prestations d'Iggy, la voix de Mick Jagger et la puissance sauvageonne des Black Rebel Motorcycle Club. Rien que ça.

My Perception propose des guitares divinement crasseuses, une alliance subtile de batterie-guitare battant un rythme lancinant poursuivant une voix échappée des cieux du rock'n'roll, Black Box Revelation provoque le choc intersidéral à l'instar des fabuleux Black Keys. L'atmosphère se fixe par des riffs de guitares aux accents délicieusement stoniens avec l'excellent «Madhouse». Premier titre de ce troisième opus, il jette astucieusement le trouble : cette voix brute, traînante et entraînante, cette voix vous propulse directement dans l'atmosphère des Black Box Revelation. Une atmosphère résistant à toute forme de médiocrité ambiante, ne cédant ni au recours de l'électronique ni à la prétention des rockeurs. Le son des Black Box Revelation crache une sincérité impressionnante à chaque nouveau morceau, une sincérité foudroyante et limite attendrissante.

Si t'aimes le rock, internaute de passage, tu sais quoi te procurer désormais.

lundi 10 octobre 2011

Drive, de Nicolas Winding Refn

Drive, le nouvel opus de Nicolas Winding Refn - qui a signé le cultissime Bronson - est un thriller désenchanté sur fond de western urbain, à moins que ce ne soit l’inverse...
Et c’est beaucoup pour un seul long métrage. Mais nullement usurpé. Car contrairement au sous-genre auquel il pourrait se rattacher – le film d’action avec bagnoles, type Fast and Furious, pour faire simple –, Drive ne cesse de déjouer ce qui le définit. A la fois western, polar, action movie et film psychologique, il se structure presque comme un opéra, une tragédie moderne dans laquelle le décor et ses constituants se retrouvent digérés puis broyés par une mise en scène maîtrisée à la virgule.

Au centre du film, un homme, solitaire comme il se doit. The driver (on ne saura pas son nom), héros taciturne et sans peur, campé par un Ryan Gosling impérial, au-dessus de la mêlée et fantasmé par les revues féminines. Cascadeur le jour, chauffeur pour truands la nuit, impassible face à cette forme de schizophrénie inédite, il semble traverser le monde, imperméable à ce qui lui arrive et aux règles dictées par les autres, employeurs occasionnels ou caïds notoires. Cette stature invincible laisse peu de place aux sentiments et aucune au romantisme. C’est pourtant vers cela qu’il bascule lorsqu’il fait la connaissance d’Irene et de son fils, voisins de palier auxquels il va arriver quelques bricoles. Love story facile, prévisible, cousue de fil blanc. Sauf que Drive, une fois de plus, ne va pas jouer cette carte-là, pas du tout, même. Car on retrouve aussi dans ce film des courses-poursuites (à couper le souffle) haletantes, et, même, des scènes d'une violence inouï.

Car Drive n’a rien d’un produit d’action standard même si lel trailer du film risque de jouer sur cette confusion, quitte – et ce n’est pas plus mal – à attirer un public qui ne s’y serait peut-être pas aventuré. Oeuvre d’auteur avant tout, et pour sa stylisation de l’espace (à cent mille lieues de cette hideuse esthétique clip qui pour certains fait école), et pour sa capacité à digérer les codes et thèmes d’un cinéma de genre né avec le septième art, il a en plus le mérite de mettre enfin en valeur le nom de son metteur en scène. Un film majeur!